PURS SOUVENIRS juste pour CLARA
JUILLET 202...
Je tente de vendre ma maison, de m'installer ailleurs.
Photo : héroïque arrivée en Grèce, 197... Photo de ma jeunesse, Grèce : je possède toujours ce ceinturon que mon père m'avait dégotté Dieu sait où. C'est mon plus vieil "habit". J'ai le ceinturon, je n'ai plus le tour de taille. C'est Clara qui me l'a dit. Culotté.
47.
La plupart de mes passwords comprennent le nombre 47. Il est possible que ce "détail" soit plus important que ce qu'il n'en n'a l'air. À la base, le PERSONNAGE de Clara n'était pas aixois, mais Xxxxxx... Un jour, il est devenu Yyyyy. Même pas insensiblement. Clara s'était mariée là-bas sans me prévenir. Qu'importe. TGVs et TERs. Pour toujours, jusqu'à mon dernier souffle, Clara m'attend en plein soleil, sur le quai de la petite gare d'Axx, parmi les Xxxx... & Xxxxx(e)s surchauffé(e)s, et je sais que nous allons repartir dans la petite Honda framboise bouillante pleine de journaux, de chaussures à talons hauts et de K7 qu'elle n'aura pas eu le temps de ranger. Because elle était en retard et que c'était même à ça qu'on la reconnaissait.
- Déculottée.
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Nous disions : la Grèce. Ce n'était pas à côté. Deux mille bornes non stop : rincé. Au ra-dar. Déjà : un appareil de photos. Un jean. Pas encore : un crâne chauve. C'EST LOIN DANS LE TEMPS, OUI MAIS DANS L'ESPACE, et la CHINE ?.jpeg)
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EXPOS PHOTO : NUS HEUREUX. J'ai été heureux de vous montrer mes amies et mes images. Vous n'avez pas été choquée. Vous avez tout compris. Compris toutes mes images ; moi, vous me comprenez depuis quelques décennies.
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Nous sommes le 15 JUILLET 2020 et ma chienne va bien mal, je le ressens comme un véritable deuil.
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On en apprend à tous les âges : j'ignorais tout de DANNY LYON, photographe américain.
Quand on mesure la valeur d'un photographe comme Danny LYON et qu'on la compare à la profondeur ma nullité de l'ignorer, on devient encore plus pessimiste quant à l'avenir de la culture. Parce que je sais je suis pas le meilleur, mais pas le plus nul non plus. Champs de coton : ça plairait à la Marquise de Sévigné.
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Au lieu de nous emmerder avec ses soupçons, et nous faire perdre du temps en écrivant des milliers de pages là où quelques mots auraient suffi, Sigmund Freud aurait dû étudier Carson McCullers.
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Séance du 5 juin :
" Mes rêves finissant par se confondre, se mélanger, revenir différents mais les mêmes. Rêvé à peu près : j'arrive à l'entrée la résidence, je suis masqué, ganté, je prends l'ascenseur, je tourne à gauche,on m'ouvre, elle est en peignoir. je l'étreins, je l'étreins, je la serre contre moi, je la serre dans mes bras, je passe les mains dans son dos, sous son peignoir et je tombe sur ses fesses nues. Tout est sombre, tout est sombre, les voisins pourraient parler. Parquet frais. Elle m'entraine en silence dans une chambre, pas dans sa chambre, j'enlève mes chaussures, je suis pieds nus, j'enlève ma chemise elle enlève son peignoir, elle est nue face à moi, elle met ma chemise blanche, elle s'assied sur le lit, elle les fait doucement rouler mes boules l'une contre l'autre. Elle SAIT.
Je prends mon appareil photos, mais elle prend le sien de sa table de nuit et me photographie, ça lui fera un souvenir. L'homme ne pourra pas dissimuler, mentir sur son désir.
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22 juin, 04 : Lurs est le paradis.
Ma cousine chicanos est encore là. On reste avec elle tranquillement, on boit du sirop dans le parc. On essaie de ne pas s'inquiéter. Et puis l'été a deux petits jours, et les CAGOLES sont déjà de sortie. Les Lecques : les siestes en tenue d'Adam et Ève ont repris.
25 MAI : j'ai des nouvelles de Clara, et je suis heureux. J'en rosis de plaisir. Faye Duneway est-elle la plus belle femme du monde ? Peut-être bien, matelot, peut-être bien. incomparable. Comment peut-on accumuler autant de dons du ciel ? À moins que ce ne fut Clara, tout simplement...
- Et mes paysages, matelot, qu'en penses-tu ? Je les ai détesté fort, mes sinistres platitudes. Mes réverbères et ma pluie. Du côté de Versailles. Et parfois je les ai aimés. Mes guérets, mes chaumes. Sous le soleil, ils n'étaient pas si mal, non ?
12 mai : ma chienne Leica soudain très, très malade. Problème de peau, de poil, d'urticaire, on ne sait pas trop. Analyses, etc. J'ai appelé son élevage et la patronne Mamysa m'a donné son avis, elle m'a parlé, et à la fin elle m'a demandé de parler à Leica, de lui expliquer ce qui allait lui arriver. Je pleurai presque au téléphone, je ne sais pas si elle l'a réalisé. Suis-je sensible aux "forces de l'esprit" ? Est-ce que j'y crois ? Je lui ai promis de le faire, à Mamysa. De parler à Leica et dès ce soir, nous avons discuté, Leica et moi.
Elle me fait confiance, et elle est passée à autre chose. Elle était simplement contente de rentrer dans la maison.
Une fortune. Cela n'a aucune importance : je devais faire une expo photo 2020, me vêtir de neuf, trouver de nouvelles filles pour poser, etc. Ces budgets iront chez Leica. Plus d'autres, s'il le faut.
Déconf le 11 mai ...et maintenant, il pleut

- Oui, Clara, mais avant, il a fait un temps d'été et vous aviez repris vos siestes naturistes.
Mon cousin ingénieur du son est devenu une loque
LE 10 MAI 2020 :
je me suis levé à 3h05 du matin, pour écouter la nuit.
Ça faisait pile 80 ans que les panzers de General Heinz Guderian ont traversé les Ardennes à toute bringue pour se venger de 1918.
...Je me demandais juste s'ils n'allaient pas revenir, les pa,zers... Un préssentiment, comme ça... On entendait les grillons. Rien de plus... Quoique... Mais non, l'Allemagne n'attaque plus. Non, mais elle sait se défendre : sept ou huit mille morts du Covid chez eux, quatre fois moins qu'en France. Y a pas, ils sont forts. Retour au 10 mai 1940 : le lendemain matin, en France, c'était la gueule de bois pour Paul Reynaud, 04. Il venait de se coucher, on lui téléphone : notre "front" pétait de partout, ou presque. Panzers
OUI MAIS APRÈS : pendant cinq ans, ils nous ont " occupés " et après fini. Et eux, ces cons, à la fin, bien sûr, ils avaient perdu : c'étaient les méchants. Ils se sont obstinés bêtement, ils se sont battus jusque dans le métro de Berlin et "on" (les Amerloques) a rasé leur pays. Il n'a pas fallu attendre encore vingt ans pour qu'on dévalue le Franc.
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Je revois parfois des images de Léa Seydoux, et du premier numéro reparu de LUI, le magazine de l'homme moderne. J'ai pas résisté.
La petite fille de Guizot. Et c'est vous ce que je me trouve jeune sur cette photo.
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Un ami est mort, cette nuit. Le grand-père de sa femme avait été assassiné à la " Libération ". Vive la France. Il est six heures du mat' et les Allemands ne sont toujours pas là. Ils ne viendront plus, aujourd'hui, Clara : ce sont des lève-tôt.
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2013 ? 2014 ? Avant ? Après ?

J'ai profité du confin pour revenir sur de vieux rêves, dont ceux que m'avait envoyés Sergio Larrain, Chilien. Som-ptu-eux. La plus belle de ses images m'avait faissé pantelant bien après ces Rencontres-là :
Au fait, a-t-elle le pubis épilé, la strip, ou l'a-t-on épilée au tirage ? Le plus beau, ce sont ces femmes qui REGARDENT. Et celle-là, juste en dessous, mon Arlésienne, m'a semblé BELLE. J'en ai photographié plein d'autres à une expo Mappelthorpe censurée. Des mecs membrés. Elles se "régalaient" - comme on dit chez moi, en Provence - en expertes voyeuses. Elles se rinçaient l'oeil. J'ai perdu les photos.
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- À part ça, les temps MÉDICAUX ne sont plus si simples, Monsieur.
- Je vous l'avais bien dit, jeune homme ! Vous avez vu la décontraction de l'homme à la pipe qui douche cette jolie vacancières revenue du Front Populaire ? Il est gonflé, on ? Il a même pas l'air excité, le gars, il a juste l'air de trouver ça normal !

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Moi, si je me douchais une jolie fille comme ça, je ne fumerais pas la pipe, je banderais. Surtout que je sais que vous aimez ça : voir mon membre se tendre vers vous. Bon, normalement, les Rencontres d'Arles devaient démarrer...
Je me souviens, Clara, d'y être passé avec vous.
1er mai

Palimpseste :
" À LIRE ABSOLUMENT ! " comme on dit dans Paris Match ou Libé.
Je le remercie, mon potos : grâce à LUI, je sais qu'ELLE, je ne l'aurais jamais supportée.
" Nous allons peut-être nous retrouver, chère Clara.
Pour nous voir, nous entretenir de la condition féminine, de tes nouveaux métiers, de Giono et de votre passé. Et puis des nouveaux écrivains américains que j'ai découvertEs? Finalement, chère Clara, le confinement aura permis à chacun d'entre nous de ranger ses photos ou d'avancer ses Mémoires. Plus de TV, plus rien. Plus de fauteuil où on s'avachit pour écrire, composer, gratter. Je vous invite à te baigner toute nue ".
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27/05/2020, SCOOP !
Les journalistes démontrent enfin quelque chose: le COVID REND CON. Donald Trump plus que les autres. Scoop n°2 : je connais une journaliste que change de métier. 25/05/2020, SCOOP n°3 ! UN COCHON SOMMEILLE en CHACUN DE NOUS.
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Je suis avec intérêt les hauts et les bas littéraires du poète peu connu Dominique Sorrente
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17 avril, TV radio web everywhere sauf chez moi : les médecins, incapables d'expliquer - et donc de comprendre - une évidence en 2020 : ça n'est parce qu'on sait qu'on a raison (1). Et encore moins quand on est pas sûr de savoir.
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Un ami centralien au chevet de sa femme, (mortelle ?) tumeur du cerveau, reformulant les explications des médecins : soudain lumineux. On comprend ce cas médical. Hélas, en un sens.
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(2) Dont MOI.
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16 avril, je relis Gore Vidal, Palimpseste : " Il éjaculait normalement mais il ne connaissait pas cette érection préalable que les femmes regardent avant tout comme le symbole totémique du véritable amour d'un homme, sinon comme le moyen élémentaire du plaisir par friction ".
- Bravo, bien vu, Gore. Surtout pour un bi.
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Je viens de détruire nos derniers négatifs, les dernières traces matérielles photo de NOS liaisons où on vous voit TOUTE NUE. Vous aimiez ça, moi aussi.
Pour la plupart, les négatifs avaient été scannés, et ils n'existent plus que dans le cloud, entreposés sur des adresses dont j'ai moi-même du mal à me souvenir. Adresses, mot de passe, le labyrinthe du site... Il y a vous, Clara, il y a mes modèles, et toutes les privautés que nous nous sommes permises. Le jour où je disparais, plus personne ne saura de qui il s'agissait, si tant est que ça intéresse quelqu'un. Le sexe, celui de mes modèles, le vôtre et le mien, partout... Dommage pour le noir & blanc, c'était pas mal.
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13 avril : le Président à parlé : déconft le 11 mai au plus tôt.
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Le 10 mai 1940 fut le jour de l'attaque fulgurante des Allemands dans les Ardennes. Le 10 mai 1981 celui de l'arrivée calamiteuse de Françhois Mitterrand au pouvoir. La France se relève mieux (plus vite) de la percée de Rommel et de Guderian que de celle de Marx à la sauce Pétain par Franchois M.
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En ces temps de privation de liberté, la LECTURE constitue la meilleure et la plus saine des distractions
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L'avenir ? Le passé ne fut-il pas, par moments, très beau ?
Le BONHEUR ce sera peut-être à Simiane-la-Rotonde ? 04.
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"À lire absolument " : LETTRES à ANNE
ANNE, lettres à :
TROIS lectures.
PREMIÈRE LECTURE : la première - au départ, la seule à laquelle on pense - est celle des lettres d’amour.
Comme toutes celles qui les ont précédées dans l'histoire et comme toutes celles qui les suivront, ces lettres d’amour n’ont pas d’intérêt, sauf pour " Anne ", aujourd’hui, bien sûr. Ce sont des lettres d’amour, ni plus, ni moins : la dernière lettre efface toujours celles d’avant.
L'auteur, l'HOMME a le sens des nuances. De l'ordre, ou du moins du sien. On rappellera que personne - et surtout, aucun journaliste - n’est jamais entré dans sa maison de Gordes. Il l'avait achetée pour Elle, à une autre, une énième extrémité de la France, ... la mienne.
La première lecture révèle un personnage au beau talent d’écrivain. On s'y attendait un peu, en haut lieu, on était prié d'admirer. La pureté du style est bien là, avec son évidence, son naturel. L'impureté des intentions aussi, mais qui lui jetterai la première pierre ? Concision du style, ses silences. "Deux œufs à la coque tout frais"...
Certes, tout n’est très vite que répétition - lettres d’amour - mais nous ne sommes pas concernés : l'ensemble appartient à Anne Pingeot, qui sera la seule à y lire autre chose que le commun des mortels. François Mitterrand a écrit pour elle, pas pour d'autres. Il n’est question que d’amour ; Amour. Bon, avec l'amour, c'est un peu toujours la même question : est-ce que tu m'aimes ? Ou : fut-il sincère ? L’homme n’est pas plus connu pour sa transparence que pour sa spontanéité, mais oui : on peut le croire sincère. Ou l'imaginer sincère. Car personne et surtout pas lui n’aurait la patience de se répéter ainsi à l’infini, de réinventer son amour - un amour presque chevaleresque - sans dire sa vérité. Jusqu'à la fin, 1996.
Mitterrand n’échappe pas à la loi qui énonce : dis-moi comment tu écris, je te dirai qui tu es. Il le sait et il prend des risques. Anne Pingeot peut le remercier, en être flattée. Il est nu devant elle. Le quinqua devant la petite beauté. Elle pourrait le faire chanter - il s'y connaît - mais il ne le croit pas. Il a encore plus confiance en lui qu'en elle.
DEUXIÈME LECTURE
Celle de l’Histoire, qui est celle du quotidien d’un homme politique-né pas ordinaire agissant au milieu du XXe siècle. Étonnant documentaire. Seconde lecture plus prosaïque, mais - involontairement ? ...Va savoir... - qui prend un caractère historique. Elle permet de répondre à cette question pas si ordinaire : mais que fout donc de ses journées un homme politique de la IIIe, IVe, Ve République ? Ce qu’il veut. Personne ne contrôle le planning d’un élu. Il est 365 jours par an 200 % hors de contrôle.
Et Mitterrand ? Avant tout, il roule. Il n’aime pas spécialement ça (comme moi j'aimerais) mais il roule, il roule, il roule. Et en Citroën, SVP ; en DS 19. Dite La pantoufle.
Dans sa voiture, Anchois est dans sa chambre, dans son coeur, dans son carrosse. Il quadrille littéralement la France. Nord, sud, est, ouest. Sans autoroutes, SVP. Sans radars. Nationales, départementales, vicinales. Il roule, il roule, et il va à l’hôtel, et il va au restaurant. Auberges. Important, pour lui. Très gourmand. Il adore ça. Il adore même les ortolans, et c'est interdit. Il a une idée personnelle des interdits. Il adore manger, les bons restos bien franchouillards, les brasseries parisiennes, les bonnes tartes de ses admiratrices. Il paraît c'était jamais lui qui payait. Auberges : il apprécie cette liberté, cet anonymat, ce changement permanent. Il aime le côté provisoire, improvisé, spontané de l’hôtel. Il n'est pas dans la longue et mure réflexion. Parfois, il prend le train (couchettes) ou l’avion. Sur notes de frais ? Certainement. Il est député. C’est légal, c'est régulier, il s’en sert, il a raison.
Il écoute, il vérifie, il se frotte aux gens. Il pense comme Bernard Tapie : « On vous l’a dit ou vous l’avez vu ? ». Il est plutôt mal foutu, c'est pas Alain Delon, mais sa résistance physique est impressionnante. Et QUE voit-il ? La France. SA France. Mitterrand voit toujours la France.
On peut regretter qu’on lui ait volé son appareil de photo. Quelle marque ? Pas une marque française. Il voit la France et à nouveau, il l’écoute. Il écoute énormément. QUI voit-il ? Tout le monde. Du haut en bas de l’échelle, et volontiers. Et il note. Il n’accorde à chacun que quelques mots. Ses semblables (s’il en a !) ne valent pas plus.
En le lisant, on comprend que le regard-Mitterrand est un regard ancien. Plus personne ne regarde comme ça. Plus personne ne parle comme ça, d'ailleurs. Plus personne envoie chier les journalistes comme lui. Autarcique : plus personne n'écrit comme ça. Religieux : plus personne ne croît comme ça.
Ça fonctionnait. Quand il jouait les « paysans », il parlait aux fils de 90 % des Français. Ils se comprenaient. En 2020, les paysans sont 2 % et plus personne ne séduit personne avec un village de Bourgogne et son église romane au crépuscule. Sur l'affiche célèbre de LA FORCE TRANQUILLE, le PS lui avait gommé son église et il s'est laissé faire, mais comme toujours, Anchois. Il a dû les trouver très cons. Il aimait tant les églises... Les romanes, surtout.
Les lettres révèlent Mitterrand et son incroyable connaissance de la terre, façon Péguy - notre terre qui meurt - du terrain, des hommes, des élus, de l’État, du pouvoir, des métiers, et à nouveau de la terre. Et de Dieu, avec ça, un dieu très catholique, certainement pas protestant et Château-Chinon, c’est pas bidon.
Nevers non plus. Nevers qui vivait en 1963 comme à la fin du moyen âge : au sommet d’une prospérité paysanne tranquille et d’un autre temps. Immuable. Charolais. Éleveurs, maquignons, belles vaches, beaux champs encore (Ah ! "L'ordre immuable des champs"....), ruralité oblige. Anne de Beaujeu toujours là. Que faisait donc ce Charentais dans le Morvan ? De l'autre côté de la France ? Puis à Gordes ? Voir la promenade de Solutré. Jamais lieu ne fut si emblématique et montagne (colline) si creuse. On part de la préhistoire : Mitterrand aime l’immuable et les abbayes romanes encore. Nevers n’a pas changé depuis Anne de Beaujeu ou depuis mon arrière-arrière-grand-père, y inventant le crédit agricole en 1880 et des brouettes. 2020 : Nevers est au coeur de la France une ville de France sinistrée : le quart de ses commerces sont fermés. Record battu. Elle doit amplement sa faillite à cette politique passéiste définitive que Mitterrand a vendue avec talent à des acheteurs idiots. Qu’il a imposée et appliquée sans la lire (trop intelligent pour y croire) pour un règne de mille ans.
Les lettres sont aussi révélatrices par l'absence. Par exemple, pas un mot sur l'économie, en 950 pages. Ni sur les écrivains américains. Ni sur la Chine qui s'éveille. Et pourtant, la Chine avait plus d'avenir que Castro, le Che ou Allende dont il raffole...
Tous ces exploits (élu de 1946 à 1995, soit cinquante années pratiquement sans interruption, dont 23 ans dans l’opposition) permettent de comprendre son succès français de 1981 qui serait impossible en 2020.
Zéro international, Mitte ?
Sauf la Grèce, l'Egypte, l'Italie... L'Egypte, hors de prix... Ça fera des histoires jusque dans les journaux. Les Badinter sont donc dans le coup. Le Parthéon, Noëls sur les pyramides, Villa Aurea. Mais plutôt Guide bleu en main que des dossiers ou des bouquins d'économie. Plutôt Venise que Bruxelles. Même si le monde a changé depuis 1946, 1958, 1968, 1974, 1981.
- Mitterrand avait vingt ans sous le Front Populaire. Il est mort avant la vulgarisation d’Internet et de l’avis à peu près unanime de la presse de gauche (July, Bacqué, Plenel, etc., plus Rocard, évidemment) entre autres, il n’avait rien compris à la chute du Mur de Berlin… Ni à la fin de l'URSS. Terrorisé. Il s'intéressait davantage aux révolutions en Amérique latine. Allende, Castro, le Che, tout ça... Analyse de son vocabulaire : il date d'il y a deux-cents ans, et c'est même ce qui en fait l'originalité. C'est important.
Retour à la case départ : ces lettres ne nous concernaient pas. Mais si leur fond n’entre pas dans l’histoire de la littérature, leur style, oui, définitivement. On y croit. Style émouvant, vibrant, pur, bouleversant. Puis, toute émotion calmée, comme l’homme, disait-on : impressionnant.
Qu'a voulu faire Pingeot ? Ce sont ses lettres à lui, mais c'est son livre à elle. Et elle sait publier les livres.
La seule question que je puisse poser aux dieux, la seule à laquelle ils sachent répondre : mais quelle est cette femme ?
- La femme doit être très belle. L’homme fascine. De loin le Pdt Rep dont je suis le plus éloigné et le plus proche : provincial, littéraire et catholique ; menteur et de droite. Je ne crois pas un instant à ce qu’il dit ni à ce qu’il fait (suis un libéral pur, contrairement à lui ; je n’aurais eu aucune chance avec la France), mais je partage ce qu’il voit, et ce qu’il est. On ne voudrait pas le vexer, mais on le comprend (au sens de : l’entendre) : oui : je le saisis, lui, FM, l’insaisissable. Et puis, mystérieuse Anne, mais quelle fabuleuse photo en couverture du livre ! Souplesse, jeunesse, entrain, beauté. Lui, il est presque assis, hésitant, fatigué. Il cale, arrivé au sommet, à l'acropole. Pourtant, avec Solutré, il avait longtemps fait illusion. Hésitant, carrément. On dira : " ça promet ! " Plouc : son polo en acrylique. Il n'en n'a rien à foutre, comme toujours. Comme de ses casquettes ridicules...
Quelle photo, chère Anne, mais quelle photo !
Qui l'a prise ? Oui, mais comment faut-il le prendre, ce livre ? Et surtout, Anne, DEPUIS, comment allez-vous ? Quelle santé, quelle force ! Vous avez résisté à la mémoire de votre arrière-grand-père - maréchal de France 14-18 - vous avez résisté au bâtonnier "auvergnat", à votre famille d’industriels, à votre père, à votre mère, à Clermont-Ferrand, vous avez résisté à votre vie d'étudiante, vous avez résisté à la tentation bourgeoise, et même à la vérité. Vous avez résisté à votre jeunesse, vous la lui avez donnée. Vous n’avez jamais eu de foyer tradi, ni de vie régulière, ni de vie normale, avec un mari "normal" (comme dirait l'autre). Aucune chance.
- Peu de femmes résistent à une vie pareille. Votre fille Mazarine n’a jamais eu de père à elle, vous ne lui avez pas donné un papa « normal ». Chronique d'un plantage annoncé.
TROISIÈME LECTURE
Et Anne l'apprend plus tard, et elle le précise dans SON édition : et ce sera la troisième lecture. Anne sait composer un livre.
III = la dissimulation - proche de la duplicité, mais pas tant que ça chez Mitterrand - figurait en haut du contrat. La gloire d'Anne Pingeot a été d'avoir suggéré, créé ces sentiments chez FM et d'avoir bien été la seule à y parvenir : 1963-1996. Il lui en a fallu du courage, du charme et de l’intelligence, à Mademoiselle Pingeot. On ne trouve ça que chez les grands bourgeois catholiques. On s'en lasserait...
De l’intelligence pure : non pas pour manœuvrer Mitterrand, non pas pour le séduire de manière active, mais une intelligence PROPRE à le séduire de façon naturelle. Vous avez eu le Président de la République, Anne, certes, mais un Président comme ça, ça se partage avec soixante millions de Français (moins moi et quelques autres). Surtout celui-là.
Car pour lui, tout était OK : le président conte juste fleurette. Il a juste du style. Ça ira un moment, mais après ? Maintenant, Anne ? Maintenant, vingt ans après, vous vouvoyez votre ex-amant-scandaleux-mais-c’est-trop-énorme au-delà de la tombe. Il s'est éloigné. Vous le publiez, on le voit. - Merci. Merci, même si les lettres sont soigneusement choisies. Celles qui manquent (mai 68 ? La grotesque traversée du désert qui suivit ? L'érotisme ?) sont révélatrices. Car au final, on vit avec vous deux. Il y aura eu plein de moments décisifs. Quand il est parti aux USA avec sa femme sans vous en parler, par exemple : " Et je ne savais pas qu'il avait emmené sa femme ! "
Ou encore : "22h10, naissance de Mazarine que vous ne viendrez pas voir avant qu'elle ait dix jours". Tout est dit ? De lui, qui savait si bien traverser la France AR dans la journée pour aller à l'enterrement d'une secrétaire ou d'une fermière encartée au bon vieux PS.
Maintenant, Anne, vous avez soixante-dix-huit ans. VOUS, vous avez donné votre corps à la France. Et - comme on dit chez moi, un peu plus loin que Gordes - LUI.... Oui, mais ça aurait fait désordre. Un enfant naturel avant les élections présidentielles... Heureusement, entre vous deux, il y a votre fille. C'est son père qui avait inventé son prénom, qui fut instantanément à la mode (mais pas longtemps : on n'aura baptisé qu'à peine six Mazarines en 2018. Significatif, révélateur).
Pour les années-présidence, elles se résumeront à quelques lettres.
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SEPTEMBRE : AMAZON POUR/CONTRE LES CONS ?
Qui arriverait à perdre de l’argent avec le modèle suivant :
« j’investis dans un site sympa et une camionnette de livraison, et je remplace :
- un librairie illettré qui pique 35% du prix de vente d’un livre à un écrivain
.....parce qu’on pousse la porte de son magasin, où il ne stocke rien
- Une mairie et ses électeurs qui me rackettent en m’interdisant de me garer gratuitement à moins de deux km de la librairie
- Un État qui taxe l’essence, limite la vitesse et pille les automobilistes ?
- + Une planète à dépolluer »
Le mois d'août
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Nous chevauchions sur la route de -Château-Queyras. Sa jument boîtait un peu, je changeai son fer. Elle me regarda soudain avec d'autres yeux. Je ne sus pas si les anciens étaient plus beaux que ceux-là. Nous fîmes halte au pied du col, dans un vieux relai de poste. C'est au début de la nuit - à peine, le jour disparaissait tout juste derrière les platanes - qu'elle vint me rejoindre dans ma chambre. Je crus qu'elle était à la recherche d'un livre, je me préparais à lui confier mon Rolando Furioso. Mais non :
" _ Vous savez, murmura-t-elle, je n'ai jamais couché avec un maréchal-ferrand ".
Dans les notes qu’elle écrit dans un beau livre de photos de Willy Ronis, Edmonde Charles-Roux – que facilement on n'apprécieguère, mais souvent sans l'avoir lue – évoque le cabanon provençal et elle y imagine des « rendez-vous coupables ».
Certes... Certes, mais cette expression même n’est-elle pas dépassée, vieille France, old fashion ? ...et presque oubliée ? Existe-t-elle encore ? Je ne crois pas. Il n’y a plus de rendez-vous COUPABLES, Edmonde. Il n'y en a plus, car coucher avec le/la voisin/voisine n’a plus rien de coupable. Plus rien, car la culpabilité n’existe plus. On le sait, par les temps qui courent. Surtout les filles. Surtout dans le domaine sexuel.
Dès lors, Charles-Roux - qui écrit pour Willy Ronis en 2008 - serait-elle – déjà - dépassée dans sa vision politique (la polis grecque), et/ou par ses sœurs en féminisme ? Questions :
- La culpabilité n’existe plus : est-ce bien, ou est-ce mal ?
- R : Quelle question ! La culpabilité, quelque part, c’est le mal (mâle ?) et dès lors, si elle n’existe plus, c’est bien.
- Oui, mais les mâles ?
- R : Il sont morts. Et c'est bien.
- Avec la culpabilité ?
- R : Oui. Car la mort des uns entraîne la mort des autres. Mécanique, mon amie ! Ceci dit, il faut punir ceux qui l’ont tuée. Mais pas les mâles. On ne peut pas, ce ne serait pas ASSEZ logique. On ne tue pas sa propre nature, non ? D’ailleurs, on ne punit plus, puisque personne n’est plus coupable.
- Punissons les filles, alors ! Elles sont nées pour ça, non ? Ça se voit tout de suite. Les gens demandent des punies.
- Mais ce ne sont pas les femmes qui l’ont tuée, la culpabilité ! Elles sont trop innocentes. Il suffit de les voir, les mains croisées sur le coeur, les yeux fermés. Ces mains montrent qu'elles aiment trop le plaisir, surtout quand il est coupable. Il n'y a qu'à voir leurs toutes petites chattes. Soyeuses, légères, parfumées, elles n'ont qu'une seule fonction : faire croire à celui qui les caresse qu'il est le premier à les caresser. Bon. Et de toutes les façons, elles ne tuent jamais rien, les femmes. Je me résume : le plaisir, c’est la culpabilité.
- Tout ce que vous racontez est sensass. Mais si je vous ai bien compris, être coupable, c’est être innocent ?
- Oui, Madame.
Les Goodie-Girls, y aurait plus que ça de vrai ?
